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Sous les vents de Neptune
--> de Fred Vargas

Comme son nom ne l'indique pas, Fred Vargas est une femme. Plus précisément, l'une des auteures de polars les plus marquantes et les plus prolifiques du paysage littéraire actuel en France. Parmi sa douzaine de romans policiers, on remarque surtout Sous les vents de Neptune, que sa qualité et son originalité placent incontestablement au-dessus du lot. On suit avec angoisse une enquête où le commissaire est personnellement impliqué, rattrapé par son passé, et qui le conduira de l'autre côté de l'Atlantique. De déboires amoureux en problèmes familiaux, l'intrigue est portée par la plume fantasque et décalée de cette écrivaine hors-normes jusqu'au sommet de la cathédrale de Strasbourg.

L'auteur :

De son véritable nom Frédérique Audoin-Rouzeau, Fred Vargas a choisi son pseudonyme en hommage au personnage d'Ava Gardner dans La Comtesse aux pieds nus. Archéo-zoologue et historienne de formation, elle a également écrit quelques essais scientifiques et biographies historiques. Son premier roman, Les Jeux de l'amour et de la mort, remporte en 1986 le prix du roman policier au Festival de Cognac.

Son dernier roman, Un lieu incertain, est paru en 2008 : elle est devenue entre-temps l'une des reines du polar français, presque malgré elle. En effet, poussant à l'extrême le perfectionnisme et le sens du détail, cette auteure exigeante est rarement contente de ce qu'elle écrit et considère ses textes comme de simples "rompols", son abréviation fétiche pour "romans policiers". Elle connaît aujourd'hui un fort succès commercial et a remporté plusieurs prix littéraires, établissant de manière solide sa réputation dans le milieu.

Mon avis :

Ce livre n'est pas un roman policier comme les autres. Certes, il y a un meurtrier, un flic et une enquête, mais le reste est assez peu conventionnel ! Bien loin du whodunit à l'anglaise symbolisé par Agatha Christie et Ellis Peters, on trouve ici une construction différente et un style tout à fait personnel. Les personnages, parfois poussés à l'extrême dans leurs spécificités, sont pourtant complémentaires et originaux. Fred Vargas a su innover en redonnant au polar français ses lettres de noblesse, sans tomber dans les clichés et les stéréotypes du genre et en maintenant un réel suspense jusqu'à la fin.

L'originalité de ce roman vient donc en partie des personnages, qui nous fascinent et nous surprennent, mais surtout de l'écriture et du style particulier de l'auteur, qui font de cette enquête un véritable voyage initiatique et intimiste. On entre complètement dans la tête du personnage principal en adoptant son point de vue, avec ses manies et ses névroses, et on le suit dans toutes ses élucubrations. Mais ce ne sont jamais de vaines spéculations ! Il finit toujours par retomber sur ses pieds et par découvrir le fin mot de l'histoire ; on ne fait que lui emboîter le pas.

Il nous entraîne avec lui dans les méandres de son esprit, au cœur de digressions aussi extravagantes qu'agréables. Par exemple, quand il ne s'imagine pas en train de projeter ses tracas et ses ennemis à travers les vitraux de la cathédrale de Strasbourg, il s'interroge sur les bernaches ou devient obsédé par un mort-vivant. Plutôt déroutant ! Mais tellement prenant quand on accepte de se laisser piéger.

Les personnages :

Le commissaire Adamsberg tout d'abord, policier brillant mais totalement atypique. Il mène ses enquêtes à sa manière, en se basant moins sur la logique et les indices concrets que sur son intuition et ses théories hasardeuses. Personne ne peut le faire changer d'avis quand il a une idée en tête, et il est très difficile à atteindre. Il est sans cesse perdu dans ses pensées, déconnecté du monde qui l'entoure et ne sachant pas comment communiquer avec les gens. Il aime « pelleter des nuages », selon sa propre expression, c'est-à-dire se plonger dans ses réflexions en marchant au bord de la Seine. C'est souvent ainsi que lui viennent ses éclairs de génie.

Son adjoint, le capitaine Danglars, est son exact opposé : méthodique et rigoureux, il tient fermement à sa logique rationnelle et se fixe pour mission de maintenir sur terre son commissaire rêveur. Cet homme intelligent et cultivé a souvent du mal à accepter les écarts de son chef, qu'il ne comprend pas, mais sa profonde loyauté l'empêche de critiquer trop ouvertement Adamsberg et l'incite plutôt à prendre sa défense. C'est l'association de ces deux protagonistes si différents qui permet à la brigade de tenir debout.

L'un des piliers de cette brigade est le lieutenant Retancourt, grosse et forte femme qui n'apprécie pas particulièrement le détachement du commissaire mais se révèle pourtant une alliée précieuse. Imperturbable, elle possède en effet l'étonnante capacité de convertir toute son énergie dans un but précis : passer inaperçue, protéger un collègue, interroger un suspect, etc. Ce don d'adaptation et ses compétences multiples la rendent indispensable.

Vient enfin Josette, inimaginable hackeuse d'une soixantaine d'années qui se promène sur Internet comme chez elle. Discrète et réservée, elle n'en fait pas moins preuve d'une habileté redoutable. C'est cette aide inattendue qui permettra à Adamsberg de retrouver le coupable et de remonter sa piste, en réunissant toutes les informations nécessaires.

L'intrigue :

Ces héros hauts en couleurs se rencontrent et interagissent au sein d'un vaste schéma qui les englobe et les dépasse, dont on n'entrevoit au début qu'une infime partie avant de finalement prendre le recul nécessaire à une compréhension globale.

Tout commence par un meurtre plutôt banal, une femme tuée non loin de Strasbourg de trois coups de poinçon dans le ventre. Un suspect a été arrêté près du corps avec l'arme du crime et un trou de mémoire ; l'enquête semble close. Entendant par hasard parler de cette affaire dans les journaux, le commissaire Adamsberg y voit la main d'un tueur en série qu'il a poursuivi durant toute sa carrière sans succès, jusqu'à sa mort plusieurs années auparavant. Il est aussitôt convaincu que ce tueur (appelé le Trident) est en réalité toujours vivant et il se lance de nouveau sur ses traces, tentant de rouvrir le dossier et de prouver l'innocence de son frère, accusé de l'un des meurtres.

Cette obsession l'accompagne jusqu'au Québec, où toute la brigade doit suivre un stage d'analyse scientifique qui ne se déroulera pas comme prévu. Bouleversé par son enquête et par un chagrin d'amour, Adamsberg se réfugie un soir dans la boisson et dans les bras d'une belle inconnue. Il devient de plus en plus irritable et déprimé.

Ce n'est que quelques jours plus tard qu'il apprend la mort de son éphémère conquête dans des circonstances troublantes, probablement liées à l'affaire du Trident. Mais personne ne croit à la théorie du mort-vivant et c'est Adamsberg qui est accusé du meurtre ; sans alibi, pourchassé par la police québécoise, il n'a pas d'autre choix que de s'enfuir grâce à l'aide de son frère et du lieutenant Retancourt.

De retour à Paris, il continue à se cacher et à mener officieusement son investigation. Réfugié chez une vieille amie, il traque le Trident sans relâche et tente de percer ses motivations. Les obstacles sont nombreux mais le commissaire est tenace et intuitif. Il remonte peu à peu la piste en suivant de maigres indices et finit par réunir suffisamment de preuves pour étayer ses doutes.

Mais le Trident ne se laissera pas démasquer sans réagir : Adamsberg parviendra-t-il à l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard ? Échappera-t-il au piège qu'on lui a tendu ? Cette affaire sera sans doute l'une des plus dangereuses et des plus complexes de toute sa carrière, plongeant dans le passé du commissaire et mettant ses proches en fâcheuse posture.

Posé par Némésia dans l'étagère Romans

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