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Le Silence de la mer
--> de Vercors

De son véritable nom Jean Bruller, Vercors n'est pas seulement un résistant célèbre mais aussi un très grand écrivain. Il fut extrêmement prolifique jusqu'à sa mort en 1991, publiant une quarantaine de romans et nouvelles dont La Marche à l'étoile et Les Animaux dénaturés. Mais c'est son début de carrière qui a marqué les mémoires : engagé dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, il écrit en 1942 Le Silence de la mer, une nouvelle au retentissement international. Tragique et bouleversante, ce texte devra d'abord être édité clandestinement avant de pouvoir être revendiqué au grand jour.

Il faut d'abord de replacer le livre dans son contexte. Nous sommes en pleine Occupation, après la "drôle de guerre" : la France a dû capituler et le moral est au plus bas. Les Allemands se pavanent en vainqueurs dans les rues, la collaboration bat son plein... il ne fait pas bon se préoccuper de politique ! Mais voici qu'un homme jusque là ni très connu ni très engagé (même s'il est dans la Résistance), décide de réagir et surtout de faire réagir les gens, par l'intermédiaire de publications clandestines. Il devient alors cofondateur des éditions de Minuit, dont il écrira le premier texte  : le magnifique Silence de la mer.

L'intrigue :

Un événement banal va donner lieu à une lutte discrète mais acharnée entre un Allemand et deux Français. Tout commence lorsque l'armée allemande réquisitionne une maison à la campagne pour l'un de ses officiers. Un paysan français et sa nièce se voient alors obligés de subir la présence de cet inconnu, de cet ennemi, sous leur propre toit. De supporter ce militaire jour après jour, sans pouvoir rien dire, sans pouvoir rien faire... Alors justement, ils n'agissent pas et se taisent. Ils s'engagent à leur manière dans une forme de résistance passive, en refusant catégoriquement d'adresser la parole à cet étranger, en qui ils découvrent pourtant peu à peu un être humain.

Car tous les soirs, l'Allemand vient leur parler, ou plutôt vient monologuer devant eux, et abandonne son masque de "monstre" en même temps que son uniforme. Il se révèle au fil du temps profondément amoureux de la France, de sa culture et de son esprit. Il entrevoit lui-même les limites du régime nazi et veut reconstruire quelque chose de nouveau, de meilleur. Ses discours enflammés restent sans réponse, mais ils n'en constituent pas moins un magnifique plaidoyer pour la littérature française et pour la liberté d'expression. Cela dure tout l'hiver.


Un jour, l'officier pofite d'une permission pour aller rendre visite à ses camarades à Paris. Il discute avec eux, et découvre avec horreur le mensonge et la manipulation des hauts dignitaires nazis, ainsi que leur volonté de tout détruire. Il se rend compte que ses idéaux sont vains et futiles et que la guerre ne peut rien apporter de bon. Il comprend que ce n'est pas la bonne méthode, qu'il s'est trompé et qu'il ne peut pas revenir en arrière. Il est trop tard...

Alors que faire ? Continuer à se battre malgré tout ? Oublier cette cruelle déception et espérer qu'il résultera de ce traumatisme quelque chose de positif ? Ou bien s'arrêter, refuser d'aller plus loin, et désobéir en prenant des risques énormes ? Face à ce dilemme moral, chacun doit faire son propre choix, et les deux Français eux-mêmes devront pendre une décision.

Finalement, certains lecteurs seront peut-être surpris de voir mis en scène un Allemand presque sympathique, ou tout au moins agréable. Mais Vercors s'inscrit vraiment en plein dans le contexte social de l'époque, car la période de l'Occupation a quelque peu rapproché les deux camps en les forçant à se côtoyer. Ce texte poignant délivre ainsi une véritable leçon d'honneur et de dignité, mais aussi un message de respect et de tolérance.

Posé par Némésia dans l'étagère Romans

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